En quelques séquences, Roy Andersson nous offre un patchwork tragi-comique de la vie. Ici, les anonymes ont autant leur place que les figures de l’Histoire. On y croisera aussi bien un prêtre perdant la foi, qu’Hitler dans son bunker, un homme dans un bus, un couple dans un café, tous égaux au milieu des rouages de l’existence...

La petite musique de Roy Andersson nous avait manqué. Six ans de silence séparent Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (Lion d’Or en 2014) de ce dernier opus que le festival de Venise couronna cette fois du Lion d’Argent, en 2019. Le cousin suédois de Jacques Tati et Federico Fellini poursuit sa quête, à travers un enchaînement de tableaux mouvants dans lesquels s’ébattent ses personnages prisonniers de la vie, où le pessimisme profond le dispute à l’éclat de rire. Ici, l’ordinaire devient un lieu poétique où s’enchevêtrent les émotions contradictoires. Andersson, avec son humour du désespoir, se réclame volontiers d’Albert Camus. Après sa trilogie des Vivants, Pour l’éternité ouvre un nouveau chapitre dans une œuvre déjà monumentale.