Après un incendie, Michèle se réveille dans une clinique, le visage recomposé. Si tous la reconnaissent, elle ne se souvient de rien, pas même de son nom. Totalement perdue, elle part à la recherche d’elle-même.

On a sans doute une idée assez fausse du cinéma d’André Cayatte, hélas réduit à la partie de sa carrière consacrée aux films à thèse très Les Dossiers de l’Écran – avec lesquels il collabora d’ailleurs. Avec le magnifique Piège pour Cendrillon on se dit qu’il est grand temps de le réhabiliter. En adaptant le roman de Sébastien Japrisot, il élabore une intrigue de machination pleine de rebondissements peu éloignée du giallo et des Diaboliques. Pourtant l’intérêt est ailleurs, dans cette subtilité psychologique et sociale étonnante, digne de Duvivier et, plus proche de nous, dans l’initiation tragique d’une héroïne en pleine quête identitaire qui n’est pas sans rappeler Le Syndrome de Stendhal d’Argento. Les intérieurs enferment, les rues nocturnes inquiètent et dessinent les images de la solitude. Plongé dans un noir et blanc éblouissant proche du Répulsion de Polanski, Piège pour Cendrillon est une dérive mélancolique splendide peuplée de miroirs qui renvoient des images trompeuses. En plus d’y être incroyablement sexy, Dany Carrel vampirise l’écran, magistrale.