Fondée en 1912, la Nikkatsu, la plus ancienne société de production nippone, a toujours su s’adapter et même créer les modes et les tendances. C’est surtout l’un des viviers des réalisateurs japonais les plus inclassables, parmi lesquels on trouve aussi bien Shohei Imamura que Seijun Suzuki et Kenji Mizoguchi ou, plus récemment, Sono Sion et l’écurie Sushi Typhoon. N’hésitant pas à fabriquer et exploiter différentes recettes, la Nikkatsu sait produire vite. Après des débuts remarqués, la firme cesse de produire en 1942, et se concentre sur la distribution. En 1954, le boom économique lui permet de revenir à cette activité. Débute alors son âge d’or qui durera jusqu’au début des années 70, au moment où le studio se spécialise dans le cinéma érotique, les célèbres Roman Porno. Si aujourd’hui, la firme continue de donner naissance à la crème des cinéastes nippons, elle n’oublie pas non pour autant son histoire et restaure aussi son catalogue qui regorge de pépites toutes plus extravagantes les unes que les autres. La preuve par dix, grâce à cette anthologie. Au programme : la naissance du mythe Meiko Kaji avant sa révélation dans la saga Sasori (La Femme scorpion), des films rares des francs tireurs Teruo Ishii et Yasuharu Hasebe, ainsi que deux sagas : les cinq opus des Stray Cat Rock, qui lancèrent la mode des bad girls nippones, et les trois épisodes des Woman Gambler, visibles pour la première fois chez nous.

Presque inédite chez nous (seul le troisième volet fut exploité en salle sous le titre Boulevard des chattes sauvages), la saga des Stray Cat Rock jouit pourtant d’un statut d’œuvre culte, notamment grâce à la belle Meiko Kaji (La femme Scorpion). D’abord au second plan, elle atteint dès le troisième épisode le statut de star. Produites en un temps record - à peine un an entre l’écriture du premier épisode et la sortie du cinquième et dernier - ces œuvres, superbement mises en scène par Yasuharu Hasebe et Toshiya Fujita (Lady Snowblood avec… Meiko Kaji), transpirent de nombreux moments pop tout en se permettant une vraie charge politique et sociale contre le Japon de l’époque.

Créée par le prolifique mais méconnu chez nous Haruyasu Noguchi (Gappa, le descendant de Godzilla), la trilogie des Woman Gambler est le parfait exemple du savoir-faire du cinéma d’exploitation nippon, alors en plein âge d’or. Sorte de brouillon de la saga La Pivoine Rouge, ce serial éphémère met en scène une intrigue mêlant des éléments de film de yakuzas, de polar, de comédie romantique et du film de vengeance, avec un zeste d’érotisme, le tout filmé dans un scope noir et blanc superbe. Dans le rôle-titre, on trouve Yumiko Nogawa, croisée chez Seijun Suzuki (La barrière de la chair), prototype de la femme forte et émancipée combattant la hiérarchie phallocrate. Une œuvre rare et séminale.

Dernière minute!
  • Mardi 11 septembre

    Une rencontre avec le réalisateur Bruno Dumont se tiendra à l'issue de la projection de COINCOIN ET LES Z'INHUMAINS 3 & 4.

  • Jeudi 13 septembre

    Une rencontre avec le réalisateur Zhou Shengwei se tiendra à l'issue de la projection de SHE.