Italie, 1938. Léa, proche de la soixantaine, a tout de l’hôtesse idéale. Napolitaine émigrée du Nord, vouant un amour immodéré au seul fils qu’il lui reste, elle invite ses amies à prendre le thé et leur offre son savon maison, qui rend la peau si douce. Mais cette respectabilité n’est qu’une façade...

Inspiré du cas de Leonarda Cianciulli, surnommée la « saponificatrice de Correggio», tueuse en série qui défraya la chronique dans les années 40, Black Journal est une satire au vitriol doublée d’un pur film de genre flirtant parfois avec le giallo. Portrait d’une marâtre atteinte d’un mal incurable, cette comédie macabre, pétrie de noirceur mais teintée d’une discrète mélancolie, déroule sous nos yeux ébahis les situations grandguignolesques les plus improbables et se fend de séquences démentielles dans un esprit carnavalesque proche de la commedia dell’arte. Le délicat Mauro Bolognini s’éloigne de ses films les plus raffinés pour s’encanailler du côté de la farce grotesque et inquiétante, dominée par la présence impressionnante de Shelley Winters qui apporte la démesure nécessaire à ce petit chefd’œuvre décadent.