En 1979, le président Park, tyrannique et corrompu, dirige la Corée d’une main de fer, contrôlant notamment la KCIA, l’agence d’information la plus redoutable. Son directeur Kim Gyu-pyeong est promis au plus bel avenir. Pendant ce temps un ancien directeur exilé aux États-Unis s’apprête en plein “Koreagate” à révéler des secrets à la CIA. La situation est prête à exploser…

Il y a deux ans, The Spy Gone North nous avait captivés: voilà donc cette année le thriller politique tiré au cordeau qu’on attendait, dénué de manichéisme, s’interrogeant sur toute la complexité d’une Histoire qu’on croyait pouvoir simplifier. S’inspirant de la même affaire, Im Sang-soo avait composé en 2005 un chef-d’œuvre stylisé avec son The President ’s Last Bang. L’approche de Min-ho Woo (Man of Vendetta, Inside Men) s’avère différente, s’intéressant aux raisons d’un assassinat, étudiant scrupuleusement l’engrenage de la corruption, les rouages du pouvoir et le moment où tout bascule. Son thriller épouse les codes du film d’investigation et crée des ponts passionnants et inattendus entre les pays et les périodes, rappelant parfois les jalons posés par Alan J. Pakula. Avec un sens inné du rythme, L’Homme du Président entraîne le spectateur dans sa spirale inéluctable et ne relâche jamais la tension. Avec deux stars comme Lee Sung-min et Lee Byung-hun pour incarner une telle confrontation entre le président et le chef du KCIA, les enjeux en deviennent littéralement shakespeariens.