Touche pas la femme blanche!

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La reconstitution de la célèbre bataille de Little Bighorn (1876) qui vit la victoire des amérindiens contre le général Custer, dans le Paris des années 70, alors en pleine mutation urbaine...

Ferreri disait avoir tourné un western « parce que nous vivons dans un climat de western » et vouloir faire éclater par le rire les concepts "Dieu, patrie et famille" exprimés par le genre. Ferreri reconstitue donc Little Bighorn dans le "trou" des Halles de 1973, deux lieux de ruines se répondant dans l’anachronisme. Cette satire dans le chaos, anarchiste et désopilante démonte les principes du grand spectacle et ridiculise tout principe d’autorité et de domination. Comme le dit Gabriella Trujillo, ce vaudeville outrageant est le film le plus politique de son réalisateur.

Non toccare la donna bianca.

1974
Couleur - 108mn - VF
France / Italie.
Western, Comédie.
Réalisation: Marco Ferreri.
Production: Michel Piccoli, Jean-Pierre Rassam, Jean Yanne.
Scénario: Rafael Azcona, Marco Ferreri.
Montage: Ruggero Mastroianni.
Photographie: Étienne Becker.
Musique: Philippe Sarde.
Avec: Marcello Mastroianni, Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi.
Pierre Bordage

Je me rends compte que les films que j’ai choisis datent pour la plupart des années 70 (de 1968 pour le plus ancien, Model Shop, à 1982 pour le plus récent, Dark Crystal ). Cela tient au doute du fait que, étudiant entre 1973 et  1979, j’allais cinq ou six fois au cinéma par semaine, les places étant peu chères. Parfois, j’entrais dans une salle sans avoir la moindre idée du sujet du film simplement parce que le titre m’intriguait ou que le réalisateur portait un nom italien. C’est ainsi que j’ai découvert Dino Risi, Pier Paolo Pasolini, Ettore Scola… bref, l’extraordinaire effervescence du cinéma italien des décennies 60/70, et… Marco Ferreri. Bien sûr, Ferreri, peu connu jusqu’alors des masses, a bénéficié de l’énorme controverse soulevée au festival de Cannes par la Grande Bouffe (1973), monument de vulgarité scandaleuse selon les uns, film coup de poing sur la société de consommation pour les autres. S’en est suivi, en 1974, Touche pas à la femme blanche, où l’on retrouve le quatuor majeur de la Grande Bouffe : Piccoli, Mastroianni, Noiret, Tognazzi, ainsi que Monique Chaumette, où l’on découvre également Catherine Deneuve en amoureuse de Custer, Serge Reggiani en indien fou, Alain Cuny en Sitting Bull et Darry Cowl en major ; et cette idée, farfelue et géniale, d’utiliser le trou des Halles en plein cœur de Paris comme décor de cette parodie de western tournant en dérision le mythe du général Custer (Mastroianni) et la bataille de Little Bighorn. Ferreri aurait eu l’intention, en mettant en scène cette œuvre ambitieuse et coûteuse, de ruiner son producteur de la Grande Bouffe, lequel n’aurait pas reversé au réalisateur italien la part qui lui revenait. Finalement, peu importent les raisons qui ont présidé à la naissance de ce film, l’important est de découvrir ce cinéma en roue libre, qui, au-delà du burlesque assumé, renferme une charge virulente contre le système patriarcal et religieux, et de voir les grands acteurs de l’époque cabotiner avec une énergie réjouissante dans le ventre béant de Paris.

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