Née à Glasgow le 5 décembre 1969, diplômée de la National Film and Television School, Lynne Ramsay se fait remarquer dès son premier court-métrage de fin d’études, Small Deaths, qui obtient le Prix du jury à Cannes en 1996. Après plusieurs autres œuvres primées, son premier long-métrage, Ratcatcher, affirme la singularité d’un regard social et poétique qu’épousent des partis pris esthétiques saisissants. Porté par une Samantha Morton extraordinaire, Le Voyage de Morvern Callar (2002) confirme son intérêt pour les blessures intimes et l’abîme, avec un cinéma qui par l’entremise de ses protagonistes travaille nos émotions, les bouscule. Car Lynne Ramsay ne conçoit pas l’art comme un divertissement confortable. Il faudra attendre 2011 pour que la déflagration We Need To Talk about Kevin nous saisisse et nous hante à jamais. Plongée dans l’enfer d’une mère confrontée à la folie de son fils meurtrier et à sa propre culpabilité, cette tétanisante adaptation du roman de Lionel Shriver révèle Ezra Miller et offre à Tilda Swinton un rôle d’une ambiguïté sans fond. La cinéaste livre ensuite avec A Beautiful Day (2017) une étonnante relecture de Taxi Driver où Joaquin Phoenix, vétéran autiste et vengeur, revisite le personnage de Travis Bickle de manière hallucinée. Aussi peu prolifique (quatre films en 22 ans) qu’elle est talentueuse, elle ne cesse de nourrir notre attente. Parmi ses alléchants projets, l’adaptation de La Petite Fille qui aimait Tom Gordon de Stephen King, et Polaris qui réunirait Joaquin Phoenix et Rooney Mara. Pour nous faire patienter (c’est bien trop long !) la voici avec une carte blanche à la (dé)mesure de son univers tourmenté et hypnotique.