Né en 1955, Pierre Bordage n’est rien de moins que le plus grand écrivain français de science-fiction contemporaine. Voguant principalement dans le space opera et la fantasy, dans le sillage spirituel et philosophique d’un Philip José Farmer, il laisse libre cours à un humanisme essentiel au travers de cycles épiques et lyriques pour lesquels il recevra plusieurs prix (Grand Prix de l’Imaginaire en 1994, Prix Imaginales en 2018…). C’est bien l’individu et ses méandres qui inspirent Les guerriers du silence, Wang, sa trilogie des Prophéties ou celle de Paris Métro 2033 (écho français à la trilogie Métro de l’écrivain russe Dmitry Glukhovsky), dont le deuxième volet vient de sortir. « La science-fiction est souvent utilisée comme effet loupe pour mieux discerner ce qui anime les humains dans certaines circonstances », déclare Pierre Bordage. Ses œuvres illustrent l’essence fondamentale de la littérature de l’imaginaire, dans son aspect politique et métaphysique, où les uchronies, les univers lointains sont le miroir du nôtre, anticipant pour mieux prévenir : en effet, pour lui, il reste toujours de l’espoir dans nos civilisations. Il paraissait logique que sa route croise celle des Utopiales de Nantes – un nom qui semblait lui être dédié  – qu’il dirigera de 2000 à 2011. Ne s’arrêtant pas aux romans, il co-scénarise plusieurs films dont l’injustement boudé Dante 01 de Marc Caro. Il nous fait l’honneur de partager à son tour ses amours cinéphiles à l’occasion de cette carte blanche. Bienvenue à l’un des derniers survivants de ces mondes parallèles, scruteur inquiet et incommensurable rêveur.