Croisières sidérales
Françoise Monier, une aéronaute, abandonne à contrecœur son mari pour un voyage dans l’espace, accompagnée de Lucien, jeune père d’un garçon. Après quelques ennuis, ils atterrissent. Dans le vaisseau, quinze jours se sont écoulés, mais sur Terre, relativité oblige, ce sont vingt-cinq ans qui ont passé.
Le cinéma sous l’Occupation, censure oblige, s’est aventuré du côté du cinéma fantastique, merveilleux et de science-fiction, avec quelques réussites à l’instar de La Fiancée des ténèbres de Serge de Poligny, La Main du diable de Maurice Tourneur, Blondine de Henri Mahé, mais aussi cette sidérante croisière, signée André Zwobada (le très curieux La Septième porte), adaptée et dialoguée par Pierre Bost (La Traversée de Paris, Le Juge et l’assassin).
Sylvie Denis
On demande souvent aux auteurs de Science-Fiction s'ils ne craignent pas que leurs textes inspirés de l'état de la science et de la technologie de leur temps vieillissent. Cela leur arrive, mais ils ne devraient pas.
Prenez Croisières Sidérales, comédie tournée pendant l'Occupation. Les équations de Lorentz et la relativité restreintes ne sont pas encore "dépassées". Les explorateurs de la stratosphère qu'un accident propulse beaucoup plus loin subissent donc les effets normaux de la relativité, faisant du film une véritable oeuvre de Science-Fiction.
C'est une comédie aux dialogues vifs qui résonnent parfois étrangement quand on sait à quelle période elle fut tournée. Avec un rythme rapide et un plaisir manifeste à brocarder les médias, l'appât du gain et la recherche de la célébrité, le film est peuplé de personnages à la gouaille intemporelle et enchante par son enchainement de situations farfelues filmées avec inventivité.
Il n'oublie pas d'avoir une héroïne scientifique qui est l'égale de son mari qu'elle retrouve plus vieux de vingt-cinq ans suite à son accident d'exploration. La mélancolie que ne peut que causer le passage du temps entre alors en scène. Et on est ravi de voir que la mode de 1966 vue depuis 1941 ne déparerait pas dans le dressing d'un David Bowie période 1972.
Réalisation: André Zwobada. Production: Pierre Guerlais. Scénario: Pierre Guerlais. Montage: Raymond Lamy. Photographie: Jean Isnard. Musique: Georges Van Parys. Avec: Madeleine Sologne, Suzanne Dehelly, Julien Carette, Jean Marchat.
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10 septembre 2019 19H45
Salle 100
En présence de Sylvie Denis