Prospero's books
Prospero, ex-duc de Milan, vit en exil sur une île depuis douze ans, avec sa fille. Entouré d’êtres étranges, il met au point un stratagème pour se venger de ses ennemis.
Réputé inadaptable et difficilement compréhensible, La Tempête est l’un des trésors cachés de William Shakespeare. Et il fallait tout le talent d’un Peter Greenaway (Meurtre dans un jardin anglais, Zoo) pour s’y attaquer et nous confectionner une suite de tableaux vivants incroyables et empreints de liberté créative comme il en a le secret. Perdus entre Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant et The Baby of Mâcon, deux chefs d’œuvre du cinéaste, Prospero’s books est à redécouvrir et réévaluer de toute urgence.
Yann Minh
Autour de 2008, j’ai rencontré l’avatar de l’artiste Saskia Boddeke, dans le monde persistant de second life où elle y exposait ses créations immatérielles d’art virtuel. Son avatar m’a dit en chat, que son époux Peter Greenaway aurait déclaré : « Depuis que Second Life existe, le cinéma est mort ». Je me suis alors souvenu de son film de 1991, Prospero’s book formellement très inspiré des jeux de profondeurs de la perspective de la renaissance. L’invention de la perspective a transformé la surface de la toile en une porte ouverte sur l’espace virtuel du trompe l’oeil, et la Renaissance s’est épanouie dans la profusion généreuse d’un hyper réalisme immersif conceptuel peuplé de dieux, de sorciers, de démons fantastiques qui ont aussi inspirés le Prospero’s books de Peter Greenaway. Au 21e siècle, les métaverses, en ouvrant toutes grandes les portes sur l’infini du cyberespace, ont massivement donné accès, via les avatars numériques à un nouveau type de "dramas" interactifs et immersifs, dont Prospero’s books est pour moi le machinima annonciateur de notre futur quotidien concentrationnaire dystopique, immatérialisé dans de grands espaces utopiques et baroques peuplés de chimères virtuelles excessives et grandiloquentes.
Réalisation: Peter Greenaway. Production: Philippe Carcassonne, Kees Kasander, Michel Seydoux, Denis Wigman. Scénario: Peter Greenaway. Montage: Marina Bodbijl. Photographie: Sacha Vierny. Musique: Michael Nyman. Avec: John Gielgud, Michael Clark, Isabelle Pasco, Tom Bell.
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5 septembre 2019 21H30
Salle 300
En présence de Yann Minh