Kirill Serebrennikov

Si nous parlons de grands auteurs du cinéma mondial, alors Paradjanov appartient certainement à ce panthéon. Paradjanov est un artiste, un poète qui pense et parle au public non pas de la manière narrative habituelle, mais par formes visuelles, par images. Ces images sont toujours éclatantes, émotionnelles, significatives et paradoxales. À certains égards, c'est le film visuel absolu. Une explosion de couleurs, une explosion de fantaisie et d'images qui nous brûle fortement, pour toujours. La liste des films de Paradjanov qu'il n'a pas tournés dépasse injustement la liste des œuvres qu'il a pu réaliser. Au cours des dernières années, de nombreux livres et articles ont été publiés avec ses scénarios et explications inédits, interdits ou perdus. Il existe toute une communauté de fans et de connaisseurs de Sergueï Paradjanov. Petit à petit ils collectionnent ce qui appartient au monde de Paradjanov : collages, documents apocryphes, aphorismes et anecdotes, dessins, lettres. L'année prochaine sera celle du centenaire de Paradjanov, et, bien sûr, maintenant tout cela n'est pas moins important que ses films réalisés et célèbres.

Mon film préféré de Paradjanov, La Couleur de la grenade, a été projeté au festival l'année dernière. Par conséquent, cette fois-ci, nous regarderons La Légende de la forteresse de Souram – un film qui dit que toute beauté nécessite de la cruauté et donc très souvent du sang et des sacrifice humains.

La vie entière de Sergei Paradjanov a été un sacrifice qu'il a fait pour rendre le monde aussi beau que possible.