Gareth Evans

Avec sa bande son mortelle et un casting d’inconnus qui sont devenus des stars les années suivantes, Génération Rebelle de Richard Linklater est un parangon du film choral sur la fin de l’adolescence.

Cette liberté formelle m’a ouvert les yeux en tant qu’ado sur ce que pouvait être le cinéma. L’idée que la durée entière du film puisse être seulement consacrée à traîner avec les personnages m’était totalement inconnue. Mais en évitant la narration traditionnelle, le film devient un portrait vivant et réaliste de la vie adolescente, où tout peut arriver, et où l’histoire et les personnages suivent le mouvement, en improvisant au fur et à mesure de l’avancée de la nuit.

Plus j’ai passé du temps avec Génération Rebelle, plus mes affinités avec le film lui-même ont grandi. Quand je le revois maintenant, et je le fais souvent, trente ans plus tard – il commence à faire partie de ma propre nostalgie. Presque comme un instantané mémoriel de cette jeunesse que je regrette. Peut-être est-ce son optimisme aveugle, son idéalisme, un peu comme d’écouter une chanson qui évoque une époque pas encore assaillie par les responsabilités du monde réel. Il s’en dégage une magie totalement irrésistible.

Peu importe que je sois un enfant des années 80, cette fenêtre sur la nostalgie de la jeunesse est ouverte sur ce qu’on y apporte personnellement. Et c’est si vrai dans le film de Linklater qu’à chaque visionnage je me retrouve dans les amitiés formées comme si elles existaient dans ma propre vie, les anecdotes et les blagues deviennent des private jokes. Une familiarité cinématographique se crée.

Génération Rebelle est un film qui vous prend par la main et veut que vous passiez un aussi bon moment que ses personnages qui, dans l’excitation de ce dernier jour de classe, regardent vers l’avenir et les promesses de l’été.