Street Trash 12

Street Trash

Jim Muro

  • 1987
  • États-Unis
  • Comédie / Horreur / Fantastique
  • 1h31mn
  • VOSTF
  • Couleur
Dans les bas-fonds de Brooklyn, des clochards meurent de manière abominable après avoir ingurgité des bouteilles de Tanafly Viper. Cet alcool est vendu à bas prix par un tenancier qui en a retrouvé par hasard une quantité importante dans son arrière-boutique.
Cultissime et unique film de Jim Muro, Street Trash n'a rien perdu de sa vigueur politique, car il est aussi affreux, sale et méchant que ses personnages déclassés alcooliques, meurtriers et violeurs. Aussi drôle qu'il soit, cette merveille d’art brut laisse régulièrement le rire s'étrangler dans notre gorge dans son nihilisme absolu et le portrait qu'il fait d'une Amérique reaganienne des oubliés.

Stéphan Castang

’ai découvert ce film à sa sortie et pour le très jeune cinéphile que j’étais, ce fut une drôle d’expérience. J’avais l’impression de voir pour la première fois un film en odorama. Autant que vous le sachiez tout de suite : Street Trash est un film qui pue. D’ailleurs, ça commence par un énorme pet lâché à la figure d’un personnage.

C’est un New-York que nous n’avons pas l’habitude de voir, celui des déclassés, des miséreux qui vivent en clodos dans un cimetière de voitures. Un caviste de Brooklyn trouve la caisse d’un alcool inconnu (de marque Viper). Il vend cette liqueur aux clochards du quartier et à partir de là un jeu de massacre commence car cet alcool fait fondre littéralement quiconque en boit une gorgée.

Film gore sans hémoglobine car les fluides ici ne sont pas rouges mais de toutes les couleurs (jaune, bleu, vert, violet), l’horreur vient moins des moments où les corps explosent que des autres scènes infiniment plus gênantes : un flic qui vomit sur un gangster, un clochard qui veut récupérer son pénis coupé, une femme ivre violée à mort par des sans-abris… Tout est exagéré, vulgaire, de mauvais goût, on assiste à un cartoon bête et méchant et c’est autant dégueulasse que jubilatoire.

Davantage proche de l’esprit Hara-Kiri que d’un véritable discours social, Street Trash offre un contrepoint à l’Amérique triomphante des années 80, représente sa face cachée pour ainsi dire (comme le fera un peu plus tard Carpenter avec l’extraordinaire They live!).

Mais si ce film cradingue a atteint un statut d’objet culte, c’est également par l’inventivité de sa mise en scène et la virtuosité technique des mouvements de caméra qui le distinguent des autres productions de la même époque. Jim Muro (dont c’est l’unique long-métrage) deviendra par la suite un steadicamer de renom pour de grandes productions hollywoodiennes (il est entre autres le caméraman attitré de James Cameron).

Je vous recommande chaudement la vision de cet objet si dégoûtant qu’il a été renié depuis par son créateur qui ne veut plus en entendre parler. Peut-être pour la plus grande satisfaction de Roy Frumkes, le scénariste et producteur du film qui avait déclaré : "Avec ce script, je voulais choquer toutes les communautés de la planète." Mission accomplie, Roy!

Séances

07/09 • 21h45 • Salle 100
Séance présentée par Stéphan Castang

Billetterie

Crédits

  • Avec : Mike Lackey, Bill Chepil, Marc Sferrazza, Jane Arakawa...
  • Scénario : Jim Muro, Roy Frumkes
  • Photographie : David Sperling
  • Montage : Dennis Werner
  • Musique : Rick Ulfik
  • Production : Roy Frumkes, Edward Muro Sr., James Muro Sr.