La vallée des plaisirs

La vallée des plaisirs

(Beyond the Valley of the Dolls)

Russ Meyer

  • 1970
  • USA
  • Drame / Comédie
  • 1h49mn
  • VOSTF
  • Couleur
Trois jeunes femmes candides montent à Hollywood avec leur ami Harris pour faire connaître leur groupe de rock et prendre du bon temps. Elles vont découvrir un univers tentateur de stupre, de sexe et de drogue.
Co-écrit par le critique Roger Ebert qui reniera le film, La Vallée des plaisirs constitue pour Russ Meyer une parenthèse et un sommet. Deux ans après Vixen, engagé pour la première fois par un grand studio, il métamorphose le projet de suite de La Vallée des poupées en satire outrageuse qui anticipe sur le Showgirls de Verhoeven, glissant vers un chaos hanté par l’assassinat de Sharon Tate. Malgré le succès du film, la Fox sera scandalisée : ce sera l’un des deux seuls films classés X du studio. Meyer côtoie tous les genres, comédie, mélodrame, épouvante... et propose une mise en scène à l’inventivité aussi exubérante et flamboyante que son montage.

Cosey Fanni Tutti

J’ai une photo dédicacée de Russ Meyer encadrée dans mon studio, alors ça va sans dire que je suis fan de ses films. Sa vision et le traitement des sujets qu’il choisit sont uniques et il laisse libre cours à ses penchants pour le sexe, la nudité, et surtout les femmes à gros seins, qu’il représente un peu comme des pin-ups des années 50. Dans ce classique devenu culte, il semble saisir toutes les opportunités pour mettre en valeur les formes féminines... L'arrière-plan de la fabrication du film explique en partie sa folie et la parodie d’un cliché après l’autre, notamment du langage branché de l'époque. Bien qu’au début du film on soit averti qu’il n’a aucun rapport avec La Vallée des Poupées originale, des liens évidents existent. Notamment les chausses-trappes, les drames causés par le sexe et la drogue, caractéristiques du showbusiness, qui s’illustrèrent tristement dans la réalité quand Sharon Tate, qui jouait dans La Vallée des Poupées, devint une des victimes des sinistres meurtres de la bande à Manson. Comme dans La Vallée des Poupées, les aspirations au succès de trois femmes, cette fois membres d’un groupe de rock, tournent au désastre. Je suis toujours amusée de voir comment les réalisateurs dépeignent les groupes à l’écran parce qu’ils ont toujours tout faux. Et ici la parodie par Meyer de ces mauvaises représentations est à la fois parfaite et hilarante. Avec un gros studio pour le financer, Meyer y va à fond, et crée un mélange de porno soft, de travestissement, de comédie et de violence, qui se termine en meurtres. Le film commence de façon déjantée et le devient encore plus, le tempo de sa folie culminant en frénésie dans une de mes scènes préférées où Ronnie (Z-Man), le nouveau manager du groupe, court torse nu sur la plage en mode tueur psychopathe, habillé en "superwoman". À la toute fin, une voix off suggère que le film est après tout une fable morale. Quelque soit votre interprétation, c’est un portrait énorme, joyeux et hautement satirique de l'Amérique de la fin des années 60 et du début des années 70.

Séances

13/09 • 21h45 • Salle 300
Séance présentée par Cosey Fanni Tutti

Billetterie

Crédits

  • Avec : Dolly Read, Cynthia Myers, Marcia McBroom, John Lazar, Michael Blodgett
  • Scénario : Roger Ebert, Russ Meyer
  • Photographie : Fred J. Koenekamp
  • Montage : Dann Cahn, Dick Wormell
  • Musique : Stu Phillips
  • Production : Red Hershon, Eve Meyer, Russ Meyer