INA Fantastica !

Vous vous demandez sans doute quel étrange anime L’Étrange Festival depuis 26 ans. De quelle école peut-il se réclamer ? Eh bien, allez donc vous pencher du côté des archives de l’INA. Des années 60 aux années 80, télévision et radio osaient s’aventurer sur les sentiers de l’imaginaire, du fantastique, du mystérieux, du bizarre. Entre les années 60 et 80 l’ORTF proposait des retranscriptions radiophoniques éblouissantes de nouvelles fantastiques dans son Théâtre de l’Étrange tandis que des téléastes créaient et innovaient en matière de fiction. Avec des noms aussi prestigieux que Michel Subiela, Daniel Le Comte, Marcel Bluwal, Marcel Cravenne, Claude Chabrol, et des titres allant de La poupée sanglante à Tout spliques étaient les Borogroves, de La Duchesse d’Avila à l’incroyable série de SF Aux frontières du possible, du Voyageur des siècles au Collectionneur de cerveaux en passant par Fantômas, on dirait que la télé n’a jamais autant qu’à l’époque fait office de lucarne fantasmagorique. Si depuis le rêve s’est bien dissipé, les rêveurs existent encore.

Quand deux lauréats de l'INA, Lucas Hesling et Christopher Marco (compagnon de route de L’Étrange Festival), s'émerveillent face à l'infinité des trésors cachés de leurs archives, ils ne peuvent en rester là, et conçoivent alors le moyen d’en exhumer des bribes, en une série de douze modules de 7 minutes : Les Archives d'après minuit constituerait le pendant "mythologie fantasmatique" du célèbre Œil du Cyclone de Canal+ dont il est indéniablement l'héritier. Avec le sérieux du Pierre Desproges de Monsieur Cyclopède, une désopilante narratrice d'aujourd'hui, comme venue d'ailleurs, introduit et commente chaque épisode conçu sur le principe de variations sur un thème où se côtoient sorcières, extraterrestres, chasseurs de fantômes, vampires, morts-vivants, savants fous et autres empreintes extraordinaires. Il en résulte un étonnant collage d’extraits, mashup puisant dans la diversité des médiums proposés par la télévision : fictions, émissions, interviews etc. On est happé par la richesse poétique des fragments choisis, mise en bouche de joyaux disparus dont on aimerait voir la totalité. Les Archives d’après minuit constituent autant un travail de passionnés pris de vertige par tant de matière qu’un laboratoire esthétique et surréaliste qui rappelle l’inventivité de Jean-Christophe Averty. Avec l’humour comme guide, Lucas Hesling et Christopher Marco triturent l'image en tant que matière chimérique, effaçant les frontières. Et nous ramenant plus d’un demi-siècle en arrière. Mettons-nous donc dans la position du rêveur candide, du spectateur utopique et remontons une nouvelle fois le temps...

« Ces films et tous les débuts du fantastique sont à retrouver sur MADELEN, la plateforme de l'INA à remonter le temps. »