Shahram Mokri est certainement l’un des nouveaux réalisateurs les plus passionnants venus d’Iran. Né à Marand en 1977, il étudie à Téhéran, où il commence à travailler en tant que monteur pour des téléfilms, des séries ou des documentaires et à réaliser ses premiers courts-métrages (Electric Shock And Fly, Dragonfly Storm, Limit of Circle, Ando-C). Après Ashkan, The Charmed Ring And Other Stories en 2009, il trouve pleinement son style avec Fish & Cat, une œuvre nourrie au cinéma de Gus Van Sant, à la physique quantique et aux tableaux d’Escher. Adoptant le système du long plan-séquence, il annihile le préjugé voulant que cela soit synonyme de temporalité linéaire. Avec une maestria exemplaire, il multiplie les allers et retours temporels, les situations se répétant, souvent avec d’infimes variations. Au-delà de la performance technique, Fish & Cat est une vraie critique du choc des générations et du système iranien. Il sera un vrai succès dans son pays, et tournera dans plus de 60 festivals, tandis que Kiarostami lui-même lui rend un hommage direct dans son ultime film 24 Frames. Cette année, Shahram Mokri présente son troisième long-métrage, qui pousse l’expérimentation encore plus loin en plongeant le spectateur dans un jeu de reconstitution composé de faux semblants et de jeux de miroirs à rendre fou. Probablement le cinéaste contemporain le plus stimulant et le plus euphorisant.