Chaque année et depuis maintenant un demi-siècle, la célèbre station balnéaire catalane, calme et paisible, accueille pendant dix jours endiablés la crème mondiale du cinéma de genre. Tout ce qui touche de près ou de loin dans le septième art au merveilleux, à l’horreur, au fantastique, au sanguinolent, à l’action, au bizarre et à l’insolite fut le plus souvent révélé, si ce n’est découvert dans ce lieu désormais mythique. De Dario Argento à George Romero, de Takashi Miike à David Cronenberg, en passant par Juraj Herz, Park Chan-Wook, John Woo, Guillermo del Toro ou encore Álex de la Iglesia, ils sont tous passés un jour en Catalogne pour connaître le succès et la reconnaissance des jurés et du public. Rendez-vous désormais incontournable auprès des amateurs de films d’exploitation, le Festival international de Sitges s’est rapidement imposé comme le plus grand évènement du cinéma qu’on aime. En partenariat avec l’Institut Lull à Paris, il nous semblait normal de rendre hommage à ce grand frère qui nous fait l’honneur de venir parmi nous pour souffler ses cinquante bougies, mais une fois n’est pas coutume, c'est lui qui amène les cadeaux : l’équipe nous a concocté une belle anthologie composée de courts et de longs métrages, de documentaires, de nouveautés comme de classiques, tous estampillés Sitges.¡Feliz cumpleaños, compañero!
Né à Bilbao en 1965, Álex de la Iglesia s’est rapidement imposé comme le patron d’une certaine tendance du cinéma rock’n’roll, provocateur et déglingué. Faisant ses armes dans le monde de la bédé, il débute dans le cinéma en tant que décorateur, puis directeur artistique. Il passe pour la première fois derrière la caméra en 1991 avec Mirindas Asesinas, un court métrage qu’il fait parvenir à Pedro Almodovar. Sous le charme, celui-ci décide de produire Action Mutante, son premier long-métrage. L'enfant terrible entame alors une carrière aussi passionnante que cohérente, habitée par le cinéma de genre, son amour des marginaux et à l’hystérie rabelaisienne. S’en suit Le Jour de la bête qui lui apporte reconnaissance et succès commercial. Après un détour par les États-Unis (Perdita Durango), il revient avec Mort de rire, dézinguage du monde hypocrite du petit écran (il réitérera avec Un jour de chance, puis Mi gran noche). Il ne cache pas son amour pour des cinéastes tels Alfred Hitchcock (Mes chers voisins, Le Crime farpait et même Crimes à Oxford lui sont presque dédiés) et Sergio Leone (l’hommage 800 balles). Véritable icône national, il accède en 2009 à la présidence de l'Académie du Cinéma Espagnol, poste qu’il abandonne deux ans plus tard pour alerter ses pairs du danger des lois répressives autour d'Internet dans l'économie culturelle, plutôt que créatives et innovatrices. Une philosophie qu’il ne cesse de mettre en pratique aujourd’hui encore, que ce soit en tant que cinéaste (la leçon de cinéma Pris au piège) ou producteur (Musarañas de Juanfer Andrés et Esteban Roel). Gracias maestro.
“La notion de spectacle a un peu disparu dans le cinéma. C’est regrettable : on revient à une forme de théâtre filmé trop littéraire et le film s’éloigne de l’art populaire qu’il était à l’origine. » (Le Figaro, 1980)
Né en 1945, Boris Szulzinger est une personnalité aussi discrète qu’active du cinéma belge. Pendant dix ans, il travaille dans la publicité et le film industriel, tout en nouant des relations avec des cinéastes expérimentaux tels Boris Lehman, avec qui il fonde le groupe Cinedit. En 1969 il réalise sous le pseudonyme de Michael B. Sanders et pour le compte d'Eurociné Nathalie après l'amour, film improbable sorti chez nous deux ans plus tard, qu’il désavouera avant même son exploitation. C’est en 1972 qu’il signe le déstabilisant Les Tueurs fous qui préfigure des œuvres comme Schizophrenia de Gerald Kargl ou Alleluia de son compatriote Fabrice du Welz, et qui fut choisi pour représenter la Belgique pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. En 1975, il co-réalise avec le dessinateur Picha La Honte de la jungle, une provocation animée outrancière qu’il produit et qui bénéficie pour son doublage américain de John Belushi, Bill Murray, mais aussi Johnny Weissmuller Jr., fils du plus célèbre interprète de Tarzan sur grand écran. Cinq ans plus tard, il réalise Mama Dracula, parallèlement à ses activités de producteur comme Le Big Bang de Picha, ou le multirécompensé Raoni, documentaire sur les Indiens du Brésil qui bénéficie de la présence de Marlon Brando en tant que narrateur.