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Carte Blanche Gareth Evans

...ou l’histoire improbable d’un Gallois qui réalisa l’un des classiques du film d’action indonésien. Rien ne prédestinait Gareth, employé de bureau à Cardiff – où il produisait des CD-Rom éducatifs – à une telle carrière, sauf peut-être un élément essentiel : un rêve de gamin persistant, cet amour du cinéma d’action qui le nourrissait depuis son plus jeune âge, lorsqu’il tournait avec ses compères des remakes improvisés de Fist Of Fury ou des Aventures de Jack Burton, s’imaginant en nouveau Bruce Lee ou en Jackie Chan.

En 2003, il réalise comme par défi son premier court métrage en langue japonaise : Samurai Monogatari, l’histoire d’un samurai en attente de sa mort, interprété par des étudiants de Tokyo de la faculté de Cardiff. La même année, il obtient une maîtrise en scénario à l’Université de Glamorgan. Après un premier long métrage, Footsteps, en 2006, il est engagé pour tourner un documentaire à Jakarta sur le Pencak-Silat. C’est une triple révélation: celle d’un art martial, celle d’un pays où il s’installera, et celle d’un homme, Iko Uwais, champion de Pencak-Silat, qui travaillait comme livreur pour une compagnie de téléphone et deviendra son acteur fétiche sur trois films. Evans tournera avec lui Merantau en 2009, mais obtiendra surtout la consécration avec l’immense The Raid. Dans cet immeuble traversé durant 1h40 par les combats ultra-violents, on voit se réinventer le film d’action. Objet inclassable qui confine à l’abstraction, The Raid produit la sensation d’un plan-séquence, nous laissant essoufflés, lessivés. Ceux qui l’ont vu ne s’en sont pas remis. Après un The Raid 2 d’autant plus réussi qu’il évite l’écueil de la répétition, il retourne au pays natal et tourne au pays de Galles pour Netflix Le bon apôtre, terrifiante histoire de folk horror, splendide cauchemar à la tension croissante, dans lequel il ne se renie jamais. Il injecte également son souffle dans l’électrisante série Gangs Of London co-créée avec Matt Flannery, à la manière d’une digne riposte anglaise aux sagas mafieuses de Martin Scorsese. On attend de pied ferme son prochain film, également produit par Netflix, Havoc, avec un Tom Hardy en détective hanté devant sauver le fils d’un politicien et démanteler un réseau criminel dont l’ampleur le dépasse...

Gareth Evans n’est pas qu’un cinéaste virtuose, c’est également un cinéphile. Nous menant, dans un parcours aussi éclectique ses inspirations, du burlesque muet de Buster Keaton aux délires horrifiques de Sam Raimi, sa Carte Blanche en étonnera plus d’un.