Aujourd'hui au festival

Lundi 14 septembre

18H00 - Cinéma Méliès - Montreuil - 20 ans d'étranges courts métrages

19H30 - Cinéma Méliès - Montreuil

En présence de l'équipe du film.

Carte blanche

Carte blanche Ben Wheatley

Carte blanche Ben Wheatley

Ben Wheatley est le porte étendard d’une nouvelle tendance du cinéma de genre. Né en 1972, il a d’abord oeuvré à la télévision (Ideal, The Wrong door, Modern Toss) tout en se faisant repérer grâce à des courts métrages, des bandes dessinées et des publicités allumées qu’il diffuse sur son site internet. En 2009, il braque sur lui toutes les attentions grâce à Down Terrace, polar emprunt de la vivacité des premières œuvres des frères Coen. Deux ans après, il confirme l’essai avec l’immense Kill List, uppercut sans équivalent qui l’impose comme l’un des maîtres de sa génération. Rebelote l’année suivante, avec le road trip violent Touristes !, relecture barrée des Tueurs de la Lune de miel dans les campagnes anglaises.

Après l’un des meilleurs segments de l’anthologie ABCs of death et un clip pour le groupe Editors dans lequel il rend hommage au Django de Corbucci, il surprend une fois de plus avec English Revolution, trip monochrome à la Ken Russell sous champignons en pleine guerre civile anglaise, distribué simultanément au cinéma, en vidéo et à la télévision. Toujours pour le petit écran, il met en scène en 2014 deux épisodes de la prestigieuse série Doctor Who, produit le saphique The Duke of Burgundy de son ami Peter Strickland avant de s’atteler à High Rise, adaptation très attendue d’un roman de J.G. Ballard. Alors qu’il tourne Free Fire, guerre des gangs dans le Boston des années 70 avec Cillian Murphy, il revient à L’Étrange Festival pour une carte blanche à son image : essentielle et surprenante.

Carte blanche Benoît Delépine

Carte blanche Benoît Delépine

Né en 1958, Benoît Delépine débute sa carrière à Lille en 1980, en fondant l’éphémère Fac Off, puis en concevant le journal Création. Il intègre ensuite Canal+, en tant que co-auteur des Guignols de l’info en 1990, puis en donnant vie en 1992 à la Présipauté de Groland et son journal satirique. C’est là qu’il crée son personnage de journaliste raciste, alcoolique et cynique Michael Kael. Tout en continuant ses activités télévisuelles, il retrouve en 1998 son personnage sous la caméra de Christophe Smith dans Michael Kael contre la World News Company. En 2004, il co-réalise avec son compagnon grolandais Gustave Kervern, Aaltra, bizarrerie drôlatique et décapante influencée par Aki Kaurismäki (qui apparaît dans le film). Depuis, avec son alter ego, Benoît Delépine signe de nombreux OVNI teintés d’humour noir, de mélancolie, et qui transpire l’amour des marginaux et des personnages borderline. Avida (2006) rend hommage au cinéma des surréalistes et au mouvement Panique tandis que Louise-Michel (2008), comédie sociale acerbe, remporte un prix à Sundance. Deux ans plus tard, le road movie Mammuth sera un immense succès public. Et en 2012, Le Grand Soir, relecture punk d’Un Singe en hiver, est récompensé du Prix Spécial du Jury à Cannes. En 2014, les deux cinéastes surprennent tout le monde en faisant tourner l’écrivain Michel Houellebecq quasiment seul devant la caméra dans Near Death Experience. En attendant Saint-Amour, nouvelle folie interprétée par Depardieu, Poelvoorde et Vincent Lacoste, Benoît Delépine nous fait l’honneur d’une carte blanche forcément imprévisible.

Carte blanche Guy Maddin

Carte blanche Guy Maddin

Fou de cinéma muet, le canadien Guy Maddin réalise en 1986 à l’âge de 30 ans, The Dead Father, son premier court métrage, déjà emprunt de son esthétique proche du rêve éveillé. Deux ans plus tard, son premier long métrage Tales from the Gimli Hospital l’impose comme un digne héritier de Lynch et Buñuel, défendu par Ben Barenholtz, exhumeur cinéphilique qui découvrit Jodorowsky, Romero ou les Frères Coen. S’en suivent de nombreux travaux hypnotiques et surannés, tous obsédés par le souvenir. Du tragique Archangel à Dracula, pages tirées du journal d’une vierge, comédie musicale déglinguée, il continue de fouiller dans les recoins les plus sombres de son esprit.

En 2003, The Saddest music in the world signe le début de sa collaboration avec celle qui deviendra sa muse : Isabella Rossellini. David Cronenberg, Tom Waits, Martin Scorsese ou Todd Haynes ne s’en sont toujours pas remis. Sa reconnaissance ne l’empêche pas de poursuivre ses travaux marginaux à l’instar de sa fascinante trilogie Et les lâches s’agenouillent, Des trous dans la tête, et en 2007 Winnipeg mon amour, ôde à sa ville d’origine, considérée par beaucoup comme son œuvre majeure. En 2013, il étonne une nouvelle fois ses fans avec Spiritismes, anthologie de courts rendant hommage à ses maîtres (Hitchcock, Stroheim, Vigo...) et dont chaque segment a été tourné en une seule journée. Il nous revient cette année avec le monstrueux La chambre interdite.